Tout de bon, cher Hansjörg!
Il a vécu de près toute l’histoire d’ICT-Formation professionnelle Suisse et écrit nombre de ses chapitres, toujours animé par la même passion: Hansjörg Hofpeter, notre actuel responsable de la formation professionnelle initiale et ancien responsable de la formation professionnelle supérieure. Il prendra sa retraite à la fin de l’année. Qu’il ait beaucoup de choses à nous raconter n’étonnera personne. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il jette un regard sur le passé et sur l’avenir.
Hansjörg, tu as occupé diverses fonctions au sein d’ICT-Formation professionnelle Suisse et accompli bien des choses, tant pour la formation professionnelle initiale que supérieure. Quels ont été les temps forts et les plus grands défis à relever dans ta carrière?
Avec Jörg Aebischer, l’ancien directeur, nous avons mis sur pied et développé en tant que petite start-up le secrétariat général d’ICT-Formation professionnelle Suisse en 2011 à Berne. Notre premier grand projet dans la formation professionnelle supérieure a consisté à remplacer les examens sur papier par un système électronique. En parallèle, nous avons procédé à une révision des brevets fédéraux, puis du diplôme. Dans la formation initiale, les professions d’informaticien.ne CFC et de médiamaticien.ne CFC ont été révisées simultanément. L’un des grands chantiers dans le domaine de la modularisation a porté sur l’élaboration du système «ICT Competence Framework», qui a servi à la fois de plan modulaire, de dispositif de la gestion de la relation client et d’outil de planification pour les entreprises formatrices.
Chaque année, au mois de mai, ont eu lieu les examens fédéraux de la formation professionnelle supérieure. Nous avons progressivement centralisé les lieux des épreuves tout en veillant à en améliorer continuellement la qualité. Les besoins sans cesse croissants en matière de sécurité nous ont ensuite amenés à développer le nouveau diplôme d’ICT Security Expert.
En 2017, à la suite d’une restructuration du secrétariat général, j’ai repris à ma charge la formation professionnelle initiale qui m’a apporté son lot de tâches nouvelles dont j’avais uniquement un aperçu jusqu’alors. Au programme figuraient diverses révisions de professions qui m’ont permis de vivre des moments passionnants, de l’analyse du champ professionnel jusqu’à la mise en œuvre en passant par l’élaboration des plans de formation. Ce furent autant de temps forts que de challenges dans mon travail. Au quotidien, je recevais 36 000 e-mails et appels téléphoniques, sans compter les réunions, les workshops et les séances d’information qui s’enchaînaient. Mais tout au long de mon parcours, j’ai toujours eu à cœur de prendre en compte les besoins de la Suisse romande et d’«avoir à bord» mes collègues romands et tessinois.
L’année 2018 a été marquée par le plus grand bouleversement au sein du secrétariat général. À la suite du départ de Jörg Aebischer et de la reprise de la direction par Serge Frech, nous avons dû faire face à une vague de démissions. Tous mes anciens collègues sont partis. Mais Serge a réussi à constituer une nouvelle équipe en un temps record. Et une nouvelle ère a commencé.
C’est à cette époque que j’ai endossé la responsabilité des Championnats des métiers et que j’ai pu participer à l’organisation de plusieurs ICTskills. Comme point d’orgue, je citerais ici mon voyage à Kazan, aux WorldSkills 2019.
Développer une nouvelle profession, le CFC en digital business, a constitué un autre temps fort au sein d’ICT. Dans une carrière, c’est une très rare opportunité que de pouvoir contribuer activement à la création d’un nouveau métier. Je suis presque fier et en même temps reconnaissant que nous ayons pu, avec une équipe motivée et engagée, marquer l’avenir de notre empreinte.
Dans quels domaines penses-tu qu’il faudra agir à l’avenir?
Les tâches de l’association se situent à tous les niveaux. Dans la formation initiale, il s’agira bien entendu de développer en continu l’ensemble des professions qui doivent être révisées tous les cinq ans. Il faut constamment observer les nouveaux besoins de l’économie et, si nécessaire, développer de nouveaux métiers. Promouvoir les places d’apprentissage auprès des entreprises et faire découvrir les professions aux jeunes constituent d’autres missions importantes, tout comme enthousiasmer davantage de femmes pour l’informatique.
En ce qui concerne la formation professionnelle supérieure, il y a autant de tâches à accomplir que dans la formation initiale, que ce soit sur le plan du développement des titres de qualification ou de la promotion des professions. Le domaine ICT est un champ professionnel très dynamique.
Pour tous les projets de l’association, nous devons prendre en compte les intérêts des diverses entreprises dans les régions, mais aussi ceux des écoles professionnelles, des centres de cours interentreprises et de bien d’autres interlocuteurs encore, tout en respectant toujours les dispositions légales des différentes ordonnances. Arriver à concilier les intérêts divergents des régions et renoncer aux traditions locales s’apparente parfois à un exercice d’équilibriste.
Où vois-tu l’association dans dix ans?
C’est une question difficile quand je repense à où nous en étions il y a dix ans et à où nous en sommes maintenant. Nous avons développé et surtout professionnalisé de nombreux domaines, comme le marketing, les prestations de service et la formation professionnelle supérieure. Nous avons connu divers changements de personnel et donc aussi de générations. Dans quelques jours, je ferai aussi partie de cette évolution. Et c’est bien ainsi, nous sommes responsables de professions jeunes et dynamiques qui doivent aussi être du ressort d’une jeune génération. Selon moi, l’expansion de l’association est nécessaire si je considère toutes les tâches et les exigences croissantes de nos parties prenantes. Peut-être devrions-nous être mieux représentés à l’échelon régional et de manière plus professionnelle.
Je pense que l’association va encore se développer et gagner en importance dans le domaine des compétences numériques. Nous sommes les pros de la formation dans un secteur économique essentiel et porteur d’avenir.
Qu’aimerais-tu transmettre à ton successeur Matthias Bauhofer?
Il y a tant de choses à faire, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Je lui dirais: «Écoute bien. Observe attentivement ce qui se passe autour de toi. Prends les gens et leurs attentes au sérieux, témoigne-leur beaucoup d’empathie. Reste positif et confiant envers tout ce que tu fais. Tu n’es pas seul, tu es entouré d’une super équipe et de nombreux professionnels au sein des commissions qui font preuve d’un grand engagement. Fais-leur confiance et tout ira bien pour toi. Tu devras souvent prendre des décisions et les défendre, remporter l’adhésion des gens avec des faits et des arguments et les aider à comprendre les tenants et aboutissants. Cela n’est pas toujours facile et, dans certaines situations, cela te demandera beaucoup d’énergie et de ressources qu’il faut savoir ménager!»
Tu seras heureusement à nos côtés pour la planification et l’organisation des Championnats des métiers ICTskills2022. Mais comment vois-tu la suite pour toi, personnellement?
Je suis très heureux de pouvoir transmettre mon expérience. Je suis en bonne santé et j’ai la chance d’appréhender la vie avec toujours autant de plaisir et de curiosité. Outre de petits mandats pour la formation professionnelle, je passerai certainement plus de temps sur le lac, à vélo ou dans mon jardin.
Qu’est-ce qui te manquera quand tu auras pris ta retraite? Et de quoi te réjouis-tu?
Je sais déjà que toute l’équipe d’ICT-Formation professionnelle Suisse va beaucoup me manquer. J’ai eu la chance unique d’en faire partie et je vous en serai éternellement reconnaissant. Cela a été une période intense avec de nombreux défis à relever, mais qui m’a apporté de grandes satisfactions.
Je me réjouis de ma future vie de retraité, mais je ne sais pas du tout comment cela va se passer. J’imagine que j’aurai plus le temps de faire ce que j’aime, que je serai moins sous pression et que je ne devrai pas toujours tout faire en mode turbo.
Merci infiniment, cher Hansjörg! Tu vas beaucoup nous manquer.
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